Il n’y a pas que les cerveaux qui fuient.
Il arrive que parfois ce sont aussi les cœurs qui migrent au delà des frontières.
C’est arrivé au mien.

Cela a été naturel.
Un rencontre inattendue, l’irrésistible charme français, un «OUI» qui nous unis pour la vie et me voilà prête, valises bouclées, à dire adieu à la famille, aux amis, au chocolat de chez Fiorio mangé en se promenant place du Castello et au groupe d’achat solidaire de mon quartier.
C’est vrai l’Italie n’est qu’à 2 heures d’autoroute, mais comment faire pour emporter un peu de mon quotidien turinois dans cette nouvelle situation d’émigrée?

Face à la frustration de devoir retourner au supermarché pour remplir le sac de courses je cherche des alternatives.
Marché de quartier, vente directe de producteurs locaux, mais à l’arrivée de l’hiver, comment faire sans les oranges siciliennes qui depuis des années arrivaient directement de l’arbre sur ma table et sur celle des autres gasistes de mon quartier?

Je réfléchis, je pense, je cherche.
Ici en France les G.A.S ne sont pas dans les habitudes.

J’essaie de contacter quelques uns des producteurs qui ces dernières années ont fourni mon GAS turinois, peut être un d’eux voudra que ses agrumes franchissent les Alpes, il me semble que les montagnes sont surtout d’ordre psychologique.
Je déprime
Mais je ne me rends pas.

J’y repense, je recherche et finalement je trouve!

Il paraît que dans les Alpes française, c’est à dire de mon côté de la montagne, depuis déjà une saison, on mange avec bonheur des oranges siciliennes, récoltées, emballées, et livrées à domicile.
Peut être maintenant moi aussi je pourrai avoir mes agrumes siciliens.
Et c’est arrivé!

Cela a été naturel.
Un contact inattendu, la volcanique énergie sicilienne, au début quelques mésaventures logistiques, mais à la fin les oranges sont arrivées.

Mais à ma grande surprise ces fruits sucrés ont été un vecteur d’une extraordinaire épidémie qui ne parvient pas à s’arrêter.
La faute au «poulailler du bonheur»…

Les oranges sont devenues des porteuses saines de relation entre les personnes, un instrument de réflexion sur la société, synonymes d’un engagement pour des lendemains plus justes pour tous.

Et surtout une fois contaminée, il est impossible de résister aux relations humaines qui se tissent autour de ces produits de la terre.
Et ainsi je commence à collectionner de splendides rencontres comme celle avec R oberto et Cristiana ou comme celles avec de nombreux italiens expatriés qui retrouvent avec plaisir , à l’étranger, un des aspects sain et encore préservé de leur pays d’origine.

Et je découvre comment ici aussi (et d’ailleurs pourquoi ça aurait du être différent de l’Italie?) il existe un réseau invisible de gens qui n’attendent pas autre chose qu’une occasion concrète pour entrer dans le cycle vertueux de l’économie solidaire.

Et c’est arrivé

Cela a été naturel.

Les groupes français se sont multipliés.
Un investissement pour notre futur.
Un futur de notre volonté et de notre capacité à soutenir des valeurs de solidarité et de justice sociale, qui ne doivent ni ne peuvent avoir de frontières.

Et donc merci aux «Galline Felici» pour avoir su transformer des idéaux, des exigences , des espérances en une réalité quotidienne, évidente et naturelle.